Témoignage en mémoire de François
François était une personne sociable qui aimait les gens et se souciait du bien-être de son entourage. Il marquait la mémoire de toutes les personnes qu’il rencontrait. Par exemple, il y a quelques années, François avait eu l’occasion de rencontrer Peter Crocoll, un pratiquant d’arts martiaux de longue date venant de l’Arizona. Lorsque je lui ai appris la nouvelle du décès de François, Peter m’a chargé de transmettre ses condoléances à ses proches et a ajouté : « François avait un esprit critique aiguisé et était un vrai combattant. Je lui souhaite maintenant d’avoir trouvé la paix. »
François était en effet un grand penseur et un philosophe. Il réfléchissait sans cesse au sens de la vie, et ces dernières années, je crois qu’il avait trouvé un sens à SA vie. Ainsi, la vie terrestre n’était pour lui qu’une étape qui allait le mener ailleurs.
Je crois que François a eu une vie bien remplie. Il m’a raconté des souvenirs d’enfance, la naissance de ses filles, ses récits de voyage, sa vie au Mexique, son travail sur les bateaux, sa rencontre avec Marie-Andrée, les liens étroits qu’il avait avec sa mère, sa passion pour la musique. Un jour, il m’a montré sa guitare, et a joué quelques accords. J’ai été ébloui par la clarté et la pureté des notes qu’il a fait jaillir de l’instrument!
Comme pour la musique, il embrassait la vie avec ardeur et passion, et désirait communiquer cette passion aux autres. C’est ainsi qu’un jour, il m’a demandé si j’étais intéressé à devenir son partenaire d’entraînement. Il avait entamé une recherche sur l’autodéfense et cherchait quelqu’un avec qui mettre en pratique diverses techniques. J’ai vite compris que non seulement il voulait approfondir le sujet, mais il désirait ardemment transmettre ce qu’il avait appris. J’ai alors découvert une personne rigoureuse et sévère, têtue parfois, mais qui nous pousse à donner le meilleur de soi-même.
Lorsqu’il s’intéressait à quelque chose, François était prêt à aller très loin dans sa démarche. Il était tellement captivé par ses sujets de recherche qu’il était parfois déçu que les gens autour de lui ne partagent pas le même intérêt. Un des beaux souvenirs que je partage avec lui est le séminaire sur l’autodéfense que nous avons organisé et donné ensemble en octobre dernier. Des semaines auparavant, nous avions réfléchi et discuté de la meilleure façon d’aborder des sujets aussi délicats que la violence et l’agression. Le jour du séminaire, François était ravi de voir qu’autant de gens s’étaient déplacés pour nous écouter et apprendre ce que nous avions à leur montrer. Je l’avais rarement vu aussi fébrile, mais en même temps aussi en contrôle de lui-même. Il a parsemé le séminaire de touches d’humour pour détendre l’atmosphère comme il savait si bien le faire. L’enthousiasme des participants et les applaudissements que nous avons reçus à la fin de l’activité ont vraiment fait plaisir à François.
J’étudie les arts martiaux depuis bientôt 10 ans, et même si je n’ai côtoyé François que durant quelques années, il a été l’une des personnes qui m’a le plus aidé à progresser dans mon cheminement. Il m’a forcé à me poser des questions et cette réflexion m’a aidé à comprendre ce qu’était réellement un art martial. Je suis heureux de l’avoir connu et je sais qu’en quelque part, il continue à vivre à travers moi. Et je sais également que je ne suis pas le seul à ressentir la même chose. Ainsi, avant de partir au Mexique en février dernier, il m’a dit qu’il me léguait la direction du programme d’autodéfense que nous avions bâti ensemble. Je croyais que ce voyage allait l’aider à recouvrer la santé et j’espérais qu’il allait revenir s’entraîner bientôt avec moi, mais je me trompais malheureusement. Cette semaine, je me suis entraîné à l’autodéfense avec un élève et nous avons pratiqué des séquences que François m’avait lui-même montrées. L’élève m’a confié que François avait été un exemple pour lui. Je crois que cette confidence illustre dans une certaine mesure le sens que François avait trouvé à sa vie. C’est ainsi qu’à travers les gens côtoyés, nous poursuivons notre existence après notre vie terrestre.
Merci François de m’avoir accueilli dans ta vie! Je ne t’oublierai jamais!